mardi 5 janvier 2016



L’acte de nommer est aussi une traduction, l’un des premiers actes. Le langage lui-même est traduction. Il a fallu nommer pour communiquer. Il a fallu trouver des dénominateurs communs entre les êtres afin de pouvoir se comprendre. Le matériel, le palpable, ce qui produit du son, les choses qui sont des images, il a fallu leur donner un nom afin de les désigner. Nommer est un acte arbitraire, l’humain a affecté des sons à des choses afin de les signifier en dehors de leur présence. Et puis il a fallu parler de l’impalpable et apprendre à communiquer l’abstrait. Il a fallu inventer. Le langage est une invention. Il est une traduction d’une expérience de réalité vécue.


Le domaine de l’objet palpable est universel, nous pouvons tous voir la même chose, nous pouvons la toucher, entendre le même son qu’elle produit. On peut penser que le matériel, délimitable, est une certitude en termes de communication, nous le nommons dans des langages différents, tous ces mots étant supposés représenter la même chose, cet objet ici présent. Mais déjà, sémantiquement, il ne représente la même chose pour aucun d’entre nous, et une chose est en fait englobée par un concept rassemblant nombre de données variables entre les communautés culturelles. Et puis, nous ne pouvons pas communiquer qu’à travers le concret, nous avons besoin d’utiliser l’abstrait.